dimanche 15 janvier 2017

"La profession tient de l’art mais aussi et surtout de l’artisanat"

Le titre de ce post est une phrase de Benoît Peeters, que les amateurs de bande dessinée connaissent surtout en tant que scénariste des Cités Obscures, mais aussi pour ses ouvrages majeurs d'analyse de la BD*. L'homme est également depuis 2014 le président de l'association des Etats Généraux de la Bande Dessinée dont les buts sont d'établir un constat global et sérieux sur le monde de la BD, de recueillir les doléances de ses auteurs et, au final, de proposer des réformes pour améliorer la situation actuelle.
C
ar, comme le disait le même Peeters lors de la création de l'EGBD, « oui, la bande dessinée se porte plutôt bien artistiquement ; non, la bande dessinée ne se porte pas si bien que ça sur le terrain économique. ».
La grogne a débuté en 2014 avec l'augmentation, sans concertation des intéressés, du prélèvement pour la retraite complémentaire des auteurs de bande dessinée. La mesure a été la goutte qui a fait déborder le vase et les auteurs de BDs se sont tout à coup rendus compte de la précarité de leur travail. Peeters et quelques autres, ne souhaitant pas limiter le débat à la simple augmentation du prélèvement pour la retraite, ont créé l'association des Etats Généraux de la Bande Dessinée et lancé une série de travaux décrits dans les statuts de l'organisme.
A ce jour, une vaste enquête menée auprès des auteurs a permis la collecte de très nombreuses données quantitatives sur leurs conditions  Celle-ci devra être complétée par des données plus qualitatives assez rapidement, puis l'ensemble devrait être étendu aux autres métiers du média (éditeurs, libraires).
 
Le constat principal est que l'on ne peut pas mettre sur le même pied un romancier, un journaliste ou un essayiste avec un auteur de BD. La profession de bédéiste (et honnêtement surtout celle de dessinateur - l'ami Massiré en sait quelque chose !) est très proche de celle de l'artisan. En particulier, le temps de travail est difficilement compatible avec un autre métier et la possibilité d'une rémunération provenant d'un éventuel second emploi est bien plus rare.
 
Pour en savoir plus, l'entretien complet de Benoît Peeters accordé en novembre dernier est accessible ici.
 
 
D'ici une grosse dizaine de jours, le prochain festival d'Angoulême va ouvrir ses portes. Pour la première fois cette année, les auteurs de BDs conférenciers y seront rémunérés et l'EGBD espère pouvoir y officialiser une première série de propositions. A suivre, donc...
 
 
 
 
 
* en particulier sur Tintin, mais pas que. Jetez un œil attentif sur le lumineux "Lire la Bande Dessinée" paru chez Flammarion pour vous en persuader.
 

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